> Investir la modernité « Région de Maroua » (Henry Tourneux)

L’Extrême-Nord, région la plus septentrionale du Cameroun, compte près de 3 200 000 habitants, et sa population est en constant accroissement. On note cependant une forte émigration vers le Sud.

Géographiquement parlant, la région a la forme d’un triangle isocèle dont la pointe va se planter au sud du lac Tchad ; son côté oriental est délimité sur une bonne longueur par les fleuves Chari et Logone ; son côté ouest est partiellement clôturé par la chaîne des monts Mandara. A l’intérieur de la zone ainsi définie, de vastes plaines. Les unes, au Nord et à l’Est, sont inondables et passent une partie de l’année sous les eaux, quand la pluviométrie est bonne. La partie la plus centrale est occupée par le Diamaré, vaste superficie plate qui constitue le terrain d’élection des sorghos de saison sèche.

La population vit des cultures vivrières (sorgho pluvial et sorgho de saison sèche qui constituent la base de l’alimentation, maïs, arachide, niebbé (sorte de haricot), riz pluvial et riz irrigué, légumes) et de cultures de rente (oignons et coton), Elle y associe souvent l’élevage de bovins ou de petit bétail, mais aussi la pêche grâce aux cours d’eau permanents, au lac artificiel de Maga (créé pour alimenter une importante rizière) et aux innombrables canaux et marigots.

La multiplicité des langues locales (une soixantaine) a favorisé l’émergence de langues de large communication, dépassant les frontières des communautés particulières. Ainsi, l’arabe sert de langue véhiculaire dans la partie la plus septentrionale et le fulfulde (peul) dans une grande partie du reste. Le français, du fait de la scolarisation, joue lui aussi un rôle véhiculaire de plus en plus important. Il ne détrône cependant pas les langues véhiculaires locales.

La ville de Maroua, au cœur d’une vaste plaine agricole délimitée à l’Est par le fleuve Logone et à l’Ouest par la chaîne des monts Mandara, compte elle-même actuellement environ 300 000 habitants. Elle est un carrefour de peuples et de langues doté d’un fort pouvoir d’attraction et d’assimilation. L’implantation récente d’une université y a attiré plus de 10 000 étudiants venant de tous les horizons. 75 % des locuteurs de fulfulde ne sont pas peuls ; cette langue a donc un fort taux de véhicularité. La plupart des 30 autres langues parlées le sont presque exclusivement par des natifs et ont un taux de véhicularité nul ou voisin de zéro, le français mis à part.

Références

BOUTRAIS Jean et al., 1984, Le Nord du Cameroun. Des hommes, une région. Paris. ORSTOM. (5 cartes dans le rabat de couverture).

SEIGNOBOS Christian et Olivier IYÉBI-MANDJEK (éd.), 2000, Atlas de la province Extrême-Nord Cameroun, avec un CD-Rom, Paris, IRD Éditions – MINREST/INC. (32 cartes couleur, format 58 x 60 cm).

SEIGNOBOS Christian et Henry TOURNEUX, 2002, Le Nord-Cameroun à travers ses mots : Dictionnaire de termes anciens et modernes, Paris, IRD / Karthala.