La société zarma est patrivirilocale. La polygamie comme les mariages arrangés sont courants. Anciennement, le mariage préférentiel était celui des enfants d’un frère et d’une sœur, mais l’islamisation a popularisé le mariage dit « arabe », soit entre les enfants de deux frères. Aujourd’hui, en milieu urbain, les choix sont possibles mais encore soumis à certaines conditions : le prétendant d’une fille noble doit l’être et un homme noble n’épouse pas une fille venant des deux groupes sociaux intermédiaires (jasare, griots généalogistes ou garaasa, artisans du cuir).
Un démarcheur fait « traditionnellement » la demande en donnant aux parents une somme symbolique nommée ay ko ga ba ni ko (mon enfant veut ton enfant), puis une autre, ce daŋ windi (mettre le pied dans la concession). C’est ensuite qu’est amené le cadeau de fiançailles (suuji) qui revient à la fille : autrefois des animaux, voire des esclaves, aujourd'hui, une somme d’argent plus ou moins importante selon les familles et selon le milieu (ville ou village).
Les fiançailles sont officialisées au moment où les amis du jeune homme donnent un mouton aux parents de la fille, c’est ce di (attraper le pied). Entre les fiançailles et le mariage peuvent se passer plusieurs mois, voire années.
Lors du rituel de mariage, deux moments sont cruciaux :
1) Tira-haw (attacher le Livre) : il a lieu devant la cour du père de la fille en présence des familles mais en l’absence des époux. Comme dans de nombreuses sociétés « traditionnelles », l’union n’est donc pas celle de deux individus mais de deux familles. Durant cette étape, l’accord sur le montant de l’« argent du mariage » (hiijay nooru) est officialisé et le mariage béni (faatiya) par les marabouts.
2) Kubay (« conduite ») : les amis du marié viennent chercher la mariée. Une mère classificatoire et une sœur l’accompagnent auprès de son mari, en la cachant sous une couverture en cotonnade tissée, qui la protège des mauvais sorts.
Avant la « conduite », les amies célibataires de la mariée chantent la séparation. Les mères classificatoires chantent quant à elles en pilant l’encens. Si elles lavent la mariée avec celui-ci, c’est autant pour la parfumer que pour la protéger des mauvais sorts, puisqu’y sont ajoutés des philtres magiques. La femme est en effet perçue comme particulièrement vulnérable à ce moment, le mariage n’étant concrétisé qu’après la nuit de noces. Celle-ci, quand le mariage durait sept jours, n’avait lieu que la dernière nuit. Aujourd’hui, il ne dure que 1 à 3 jours et la consommation a lieu la première nuit.
BORNAND Sandra, 2005, Le Discours du griot généalogiste chez les Zarma du Niger, Paris, Karthala.
BORNAND Sandra, 2006, Parlons zarma, Paris, L’Harmattan (coll. « Parlons »).
DIARRA Fatoumata Agnès, 1971, Femmes africaines en devenir, les femmes zarma du Niger, Paris, Anthropos.