La région concernée (provinces de Luapula, Kasama, Mbala et Copperbelt), caractérisée par la langue utilisée, le cibemba (langue d’origine bantoue apparentée au ciluba) est très faiblement peuplée (de l’ordre de 7 à 8 habitants au km²) à l’exception entre autres de la zone minière (Copperbelt), très urbanisée et de quelques vallées. C’est un vaste pays de hauts plateaux, irrigué par trois rivières, des lacs et des marais, couvert d’une savane arborescente. Le faible peuplement permet la culture sur brulis en longue jachère (25 ans) ; la pêche y est assez développée près des lacs et des marais, la chasse y est exceptionnelle et il y a très peu d’élevage (présence de la mouche tsé-tsé). L’industrialisation existe surtout dans la province de la Copperbelt et permet à la Zambie d’être le second producteur de cuivre au monde ; mais les entreprises minières ont perdu en compétitivité et ferment les unes après les autres, d’où un fort chômage.
Avant l’indépendance (octobre 1964), la région, à l’exception de la zone minière, est une « Natives Reserve ». Le découpage administratif se fait en « tribu », structure résultant des grandes migrations originaires du Congo. Selon Kay, une « tribu » est une communauté, caractérisée par une organisation sociale et politique, un langage propre, une culture et une histoire communes, et éventuellement associée à un territoire qui peut être très morcelé ; l’administration de la « tribu » repose sur la personne d’un Chef Suprême (Mfumu) qui sacralise le territoire par des rituels et qui délègue ses pouvoirs à des chefs moins importants définissant un ensemble de chefferies à deux niveaux (« tribu » et village). À ce système de chefferies emboitées s’ajoute une répartition en « clans », indépendante des « tribus », traces d’une organisation sociale antérieure aux grandes migrations. Selon Cunnisson, ces « clans » sont exogamiques, à transmission matrilinéaire et ses membres se doivent assistance, en particulier un individu ne peut manger que chez une femme de son « clan », à l’exception du cas de l’homme qui est nourri par son épouse ; de plus les « clans » sont associés par paire et doivent mutuellement s’entraider au moment des décès (mise en terre). Cette région est caractérisée par une culture commune (mythes similaires et rituels communs à quelques différences près), en particulier l'initiation des filles, d’autant plus intéressante qu'il n'existe pas d'initiation de garçons.
CUNNISSON Iian, 1959, The Luapula Peoples of Northern Rhodesia, Manchester, Manchester University Press.
KAY Georges, 1967, A social geography of Zambia, London, University of London Press.
ROBERTS Andrew D., 1973, A history of the Bemba: political growth and change in north-eastern Zambia before 1900, London, Longman.