Dans les grandes villes de Côte d’Ivoire, comme dans toutes les capitales d’Afrique de l’Ouest, le brassage ethnique est important et pour communiquer entre eux les habitants ont recours à deux stratégies lorsqu’ils sont de sociétés différentes : soit communiquer en dioula, langue ethnique d’une grande partie des populations du nord, mais aussi langue du commerce (les gens du nord sont des commerçants) et, à ce titre très utilisée pour les échanges économiques ; soit communiquer en français populaire local marqué par de nombreuses particularités morphosyntaxiques et lexicales.
Depuis les années 1990, ce français populaire (encore dénommé « français de Moussa » ou « petit français ») tend à se constituer en véritable pidgin dont la base lexicale reste essentiellement française, mais avec de nombreux apports lexicaux et syntaxiques des principales langues d’ethnies de Côte d’Ivoire (agni-baoulé, bété, gouro, dioula, sénoufo…) : ce nouveau parler est appelé nouchi. C’est dans cette langue que se disent ou s’écrivent les insultes du répertoire gate-gate. Cette expression, qui est formée à partir de l’idiotisme local « gâter le nom », désigne un genre urbain né dans les années 1980, et beaucoup pratiqué en milieu scolaire et étudiant.
KOUADIO N’GUESSAN Jérémie, 2005, « Le nouchi et les rapports dioula-français », Le Français en Afrique n° 21.
KOUADIO N’GUESSAN Jérémie, 2008, « Le français en Côte d’Ivoire : de l’imposition à l’appropriation décomplexée d’une langue exogène », Documents pour l’histoire du français langue étrangère ou seconde [En ligne], 40/41 http://dhfles.revues.org/125
LAFAGE Suzanne, 2002, « Le lexique français de Côte d’Ivoire. Appropriation et créativité », vol. 1, Revue du Réseau des observatoires du Français contemporain en Afrique, n° 16, Institut de Linguistique française, CNRS UMR 6039-Nice.