> Littérature orale « La société mandingue » (Jean Derive)

Ce film a été tourné principalement dans l’arrondissement de Naréna au sud-ouest du Mali.

Les cultures y sont vivrières (mil, maïs et arachides) mais aussi de rente (coton). De nombreux villageois alternent l’activité agricole avec l’exploitation de l’or découvert récemment dans la région.

La chasse joue un rôle très important car elle assure jusqu’à présent l’essentiel des apports alimentaires en protéines animales. Pratiquée tout au long de l’année, elle s’intensifie en saison sèche.

La société locale, composée traditionnellement de trois groupes endogames – les hommes libres (hᴐrᴐn), les artisans (nyamakala) et les dépendants (jᴐn) – est régie par un principe gérontocratique, avec le mariage polygame et virilocal. Le pouvoir coutumier à l’échelle villageoise appartient au chef (dugutigi) : l’individu de sexe masculin et âgé, issu de familles de nobles dont on suppose qu’elles se sont établies en pionniers dans le village. Les dirigeants des sociétés secrètes et le chef des chasseurs disposent également d’un certain pouvoir.

Chaque famille étendue est dirigée par son membre masculin le plus âgé. De lui dépendent tous les descendants mâles appartenant à ce foyer, leurs épouses et leurs enfants. Au niveau de la famille nucléaire, l’autorité revient au mari. Néanmoins, les femmes ainsi que les cadets sociaux disposent d’un certain contre-pouvoir s’exprimant notamment à travers leurs droits d’énoncer certaines paroles considérées comme puissantes.

Les pratiques religieuses consistent en plusieurs cultes impliquant les sacrifices aux « objets forts ». Par le passé, elles s’articulaient autour de l’activité de sociétés initiatiques masculines. Dans certaines localités un rôle revenait aux cultes des génies des lieux. Aux cultes collectifs s’associent des rites individuels relatifs à la « science des arbres », à la divination, au culte de fécondité et à l’énonciation des « paroles fortes ».

L’islamisation a touché dès le XIIIème siècle les élites politiques et, à l’époque de la colonisation et après l’indépendance, la majorité des populations. Elle a eu un impact non négligeable sur les religions traditionnelles, influençant notamment les conceptions locales de l’humain (âme, conscience) et de l’univers (l’au-delà par exemple). Néanmoins, elle n’a pas pu empêcher le mode de vie païen (bamanaya) de rester une matrice symbolique dominante de la pensée locale.

La langue est le mandingue – bamanankan.

Références

AUSTEN Ralph (dir.), 1999, In Search of Sunjata: The Mande Oral Epic as History, Literature and Performance, Bloomington, Indiana University Press.

CAMARA Sory, 1992, Gens de la parole, Paris, Karthala.

CONRAD David & FRANK Barbara (dir.), 1995, Statut and Identity in West Africa : Nyamakalaw of Mande, Bloomington, Indiana University Press.