> Littérature orale « Luth à trois cordes zarma » (Sandra Bornand)

Le moolo, luth à trois cordes, est un instrument de musique, appartenant aux cordophones, joué uniquement par les griots généalogistes et historiens (jasare) songhay-zarma (Niger) au contraire du luth à une corde, appelé kuntigi, qui est joué par les jeunes hommes. Celui-ci a appartenu à Djibo Badjé, dit “Djeliba” (le grand griot), le dernier griot généalogiste zarma sachant raconter des épopées, vivant à Niamey mais originaire de Tonkobangou (canton de Liboré).

Ce luth à trois cordes est composé d’une caisse de résonnance, creusée dans un tronc d’Acacia albida, recouverte par une peau de bœuf ou de chèvre au moyen d’épines et de lanières de cuir (souvent de la peau de chèvre).

La peau, qu’on pose encore humide, se tend en séchant. C’est le manche qui, passant sous la peau, ressort par l’ouverture médiane. Le chevalet est fixé à cette partie du manche et est bloqué par la peau. Les cordes s’incrustent dans des entailles du chevalet et restent sur le dessus de la peau.

Le manche porte à son sommet un vibrateur à sonnaille (pièce de métal recourbée garnie de petits anneaux) qui sert de résonateur.

Les trois cordes sont d’épaisseur et de longueur différentes : la première sert au griot généalogiste pour faire le bourdon, la seconde – moins épaisse – lui sert pour jouer la mélodie, la troisième, plus courte, a un son aigu et résonne souvent à vide.

Le griot généalogiste joue le plus souvent assis, les jambes pliées, mais il lui arrive de marcher devant le jeune marié lorsqu’il se rend auprès de sa nouvelle épouse en jouant du luth.

Le moolo se tient comme une guitare ordinaire : avec sa main droite, le griot généalogiste fait vibrer les cordes. Avec son pouce droit, il marque le rythme et la mesure en frappant sur la table d’harmonie. Avec les doigts de sa main gauche, il fait en appuyant sur les cordes des glissandi.

Précisons que le terme moolo sert également à désigner l’air musical joué par le griot généalogiste et historien.

On trouve également des luths à trois cordes joués par les griots généalogistes et historiens en zones bambara et peule. Ils sont appelés nkôni par les Bambara et hoddu par les Peuls.

Références

GUIGNARD Michel, 1975, Musique, honneur et plaisir au Sahara, Paris, Librairie orientaliste P. Geuthner.

GARBA Mahaman, 1992, La musique des Hausa (tome 1 & 2). Thèse de doctorat, Université de Strasbourg (Faculté des Sciences Humaines).

SEYDOU Christiane, 1998, « Musique et littérature orale chez les Peuls du Mali », L’Homme vol. 38 n°148, p. 139-157.