Autrefois nommés Bobo Oulé (par les populations mandées voisines), les Bwa (Bo au singulier) sont présents au sud-est du Mali et à l’ouest du Burkina Faso (où ils sont aussi appelés Bwaba ou Bwawa, Bwa au singulier, selon les variantes dialectales). Ils parlent une langue de famille gur (ou voltaïque), le bwamu ou boomu (au Mali), terme désignant aussi le fait d’être bo, la manière de vivre et de parler propre aux Bwa.
L’organisation sociale, fondée sur une distinction entre cultivateurs – Bwa proprement dit – et artisans endogames – forgerons et griots vivant en partie de leurs travaux d’artisanat – reste principalement structurée par les classes d’âge. Les forgerons extrayaient autrefois le minerai qu’ils transformaient à l’aide de hauts fourneaux, dont on peut rencontrer encore quelques traces dans le paysage (Coulibaly, 2006). La filiation est patrilinéaire et le mode de résidence patri-virilocal. Les femmes quittent leur famille pour se marier, et leurs enfants appartiennent au lignage de leur père. Une relation particulière lie cependant ces enfants au lignage maternel. Les femmes bwa sont connues pour leur indépendance : elles n’hésitent pas à quitter leur mari au moindre problème, attendant qu’on vienne les rechercher avec des excuses. Le taux de divorce est relativement élevé (Hertrich, 1996). Depuis les années 1990, un phénomène a pris de l’importance : la migration des jeunes filles vers les villes pour y travailler comme aide-ménagères.
Plusieurs pratiques religieuses sont actuellement en présence, la religion « traditionnelle », qui consiste principalement en un culte des ancêtres, étant dominante. Le christianisme concernerait environ 40% de la population, même si l’on constate ces dernières années de nombreux abandons et, de manière générale, une forte mobilité religieuse. Des missionnaires catholiques, puis protestants, se sont installés dans la région à partir des années 1920, entraînant des conversions dans les villages choisis pour établir les missions et aux alentours. Aujourd’hui, les missions transformées en paroisses sont tenues par des prêtres et des pasteurs originaires de la région. Quant à l’islam, les Bwa l’ont toujours refusé jusqu’à présent, ce qui les distingue dans un pays (le Mali) où cette religion domine à plus de 90%.
Les Bwa se sont rendus célèbres dans l’histoire de la région par leur opposition à l’administration coloniale, qui s’est exprimée par une importante révolte en 1915-1916 – sur laquelle s’achève le célèbre roman de l’écrivain burkinabè Nazi Boni, Crépuscule des temps anciens (1962) – révolte matée au bout de neuf mois mais dont on garde une grande fierté !
CAPRON Jean, 1973, Communautés villageoises bwa, Mali - Haute-Volta, Tome 1 fascicule 1, Paris, Institut d’ethnologie.
COULIBALY Elisée, 2006, Savoirs et savoir-faire des anciens métallurgistes d’Afrique. Procédés et techniques de la sidérurgie directe dans le Bwamu (Burkina Faso et Mali), Paris, Karthala.
HERTRICH Véronique, 1996, Permanences et changements de l’Afrique rurale, Dynamiques familiales chez les Bwa du Mali, Paris, CEPED.