Les Moose (Moose, sg. Moaaga) sont généralement présentés dans leurs traditions orales et dans la littérature anthropologique comme un peuple originaire du Nord de l’actuel Ghana venu peu à peu s'implanter sur le plateau central du Burkina Faso : « Les Moose au sens propre – historique – du terme seraient les descendants en ligne agnatique d’un ancêtre masculin unique, Naaba Wedraogo ; du moins est-ce ce que nous dit la tradition dominante aujourd’hui. » (Izard, 2003 : 76-77). Au siècle dernier, leurs royaumes furent colonisés par les Français et, plus tard, intégrés à la Haute-Volta, futur Burkina Faso. Selon Michel Izard, ces descendants de Naaba Wedraogo « s’appellent eux-mêmes Moose (sg. Moaaga) et donnent à leur territoire le nom de Moogo, terme qui identifie un espace politique et le "monde" en général » (1992 : 59). Ce terme Moose qui désigne les descendants des premiers chefs originaires du Ghana, s’est étendu aux autochtones qui peuplaient la région, et à des populations étrangères peu a peu intégrées au peuple des Moose, le Moos buudu ou, littéralement, le « lignage des Moose ».
La langue utilisée est le moore qui est généralement classé parmi les langues gur ou voltaïques, dans un sous-groupe moore-dagbane-dagara. Gérard Manessy (1975) parle d’une famille « oti-volta occidentale » dans laquelle il comprend le moore. Cette langue connaît elle-même des variantes régionales marquées, dont les principales sont, au Centre et au Sud du pays moaaga, le lallweoogo, wubrweoogo, zundweoogo ou, simplement, « parler du centre » (Zongo, 2004 : 33) ; dans la région de Koudougou, le taollende; au Nord, dans le Yatenga, le yaadre; et enfin, le saremde, parlé dans la région orientale de Tenkodogo (Nikiema et Kinda, 1997 ; Zongo, 2004). Il y a intercompréhension entre les locuteurs d’une région à l’autre.
Le moore est un marqueur identitaire très fort. Les Moose appellent ainsi ceux qui ne maîtrisent pas leur langue « gãgnense », terme aux consonances condescendantes, dont les sonorités évoquent les difficultés de prononciation des non "moore-phones". Michel Izard écrit que « le terme moore ne désigne pas exactement la langue des Moose, mais la manière dont à la fois ils parlent et ils sont. » (Izard, 1992 : 59).
La sous-commission Nationale du Moore a fixé les règles de transcription du moore (Nikièma et Kinda, 1997 ; Kinda et al., 2003).
DEGORCE Alice (éd.), 2014, Chants funéraires des Mossi (Burkina Faso), Paris, Classiques Africains.
IZARD Michel, 1992, L'Odyssée du pouvoir: un royaume africain: état, société, destin individuel, Paris, Editions de l'Ecole des hautes études en sciences sociales (Recherches d'histoire et de sciences sociales, 53).
ZONGO Bernard, 2004, Parlons mooré. Langue et culture des Mossis, Burkina Faso, Paris, L'Harmattan.