Les proverbes sont de courtes phrases imagées qui sont énoncées à la place de propos qu’on ne souhaite pas dire directement, soit pour ne pas blesser quelqu’un quand il s’agit de manifester une désapprobation, soit par simple goût de la belle parole quand il s’agit de faire un commentaire ou d’émettre un avis. Chez les Bwa comme dans de nombreuses sociétés africaines, ce sont des formules très appréciées, qu’on apprend à utiliser dès l’enfance, même si on ne peut pas adresser n’importe quel proverbe à n’importe qui et qu’il faut apprendre à parler en fonction de la personne à qui on s’adresse (Leguy, 2001). Les proverbes interviennent au sein du discours ordinaire, comme dans les contes ou les chants. Leur contexte de production est très ouvert : on peut en dire à tout moment, de jour comme de nuit, dans les moments graves comme en partageant une calebasse de bière de mil entre amis. Ce qui est particulièrement valorisé, c’est l’usage d’une parole indirecte qui permet de critiquer ou de dire son avis sans prendre le risque de blesser l’interlocuteur ou d’énoncer de mauvaises paroles (insultes, etc.).
La nomination telle qu’elle est pratiquée chez les Bwa met également en valeur cet aspect de la parole (Leguy, 2011). En effet, les noms donnés aux enfants sont le plus souvent des messages indirects, adressés à une tierce personne qui saura comprendre ce qui est ainsi insinué.
DIARRA Pierre, 2002, Proverbe et Philosophie. Essai sur la pensée des Bwa du Mali, Paris, Karthala
LEGUY Cécile, 2001, Le proverbe chez les Bwa du Mali. Parole africaine en situation d’énonciation, Paris, Karthala, 323 p., (Collection « Hommes et Sociétés »).
LEGUY Cécile, 2011, Que disent les noms-messages ? Gestion de la parenté et nomination chez les Bwa (Mali), L’Homme, n°197, pp.71-92.