> La voix des médias « Internet en Afrique »

Depuis une dizaine d’années, et surtout depuis la grand-messe sur les passerelles du développement de Bamako 2000, Internet progresse sur le continent bien que de manière fort disparate selon les pays, les régions, les villes et les catégories socioprofessionnelles. Internet arrivant par des câbles sous-marins qui ceinturent l’Afrique, les zones côtières sont encore mieux desservies. Beaucoup de capitales enclavées souffrent de très faibles débits qui en limitent l’usage. De plus, les populations à faible revenu n’y ont pas facilement accès (fracture numérique importante malgré la création d’ordinateurs et de smartphones conçus spécifiquement pour l’Afrique, e-villages et télé-centres désormais disponibles partout).

L’essor fulgurant des smartphones change la donne : au Kenya, par exemple, en 2013, 99% des abonnés accédaient à l’Internet par le téléphone mobile ; en Côte d’Ivoire, au Cameroun, au Bénin et en RDC, l’usage du téléphone portable couplé à Internet est facilité par la connexion 3G. Un tel progrès a réduit le nombre de cybercafés qui s’étaient multipliés mais offrent encore de nombreux usages à l’image des taxiphones de certains quartiers français : communications avec l’étranger, impressions de documents, consultation des courriels, utilisation de skype, etc. Ces technologies numériques (Ticn) favorisent les connexions qui restent, au demeurant, plus faibles que dans les autres continents sauf dans quelques pays comme l’Afrique du Sud. Pourtant, les universités ont introduit l’accès libre à Internet par Wifi et favorisent l’installation, sur les campus, des hotspots à moindre coût.

De nombreux médias sont désormais en ligne, et l’e-enseignement évolue sensiblement avec les Tice et les m-education. Mais les langues internationales y sont très majoritaires : les 2000 langues (environ) africaines - le tiers de celles de la planète- sont très loin d’avoir accès à Internet. L’analphabétisme restant important, l’oral et la radio prédominent. Néanmoins, Internet a favorisé de nouvelles pratiques (e-innovations, agriculture 2.0 et cybercriminalité) ; de nouveaux termes apparaissent et les réseaux sociaux suscitent un engouement qui ne se dément pas.

Références

LAULAN Anne-Marie, LENOBLE-BART Annie (dir.), 2014, Cultures et langues sur l’Internet, Oubli ou déni, Les Éditions hospitalières, Bordeaux.

COLLECTIF, 2010, « L’Afrique branchée : les ports maritimes, les télécommunications », Afrique Contemporaine n°234.

Thot Cursus : revue en ligne gratuite

VOLD LEXANDER Kristin, 2010, « Le wolof et la communication personnelle médiatisée par internet à Dakar », Glottopol n°14, p. 90-103, http://glottopol.univ-rouen.fr/telecharger/numero_14/gpl14_07lexander.pdf