> La voix des médias « La société zarma » (Sandra Bornand)

Les traditions orales zarma présentent ce peuple comme originaire du pays mandé, au Mali et arrivé, sous la conduite de Mali Béro, l’ancêtre mythique des aristocrates zarma, dans les régions qu’il occupe actuellement à partir du XVIème siècle. Mais des vagues de migrations successives font de la réalité « ethnique » zarma un melting-pot.

La société zarma était basée sur la dichotomie hommes libres (burcin)/esclaves (baɲɲa ou tam), qui perdure encore aujourd’hui à travers leurs descendants. Jasare (griots généalogistes) et garaasa (artisans du cuir) n’appartiennent à aucun de ces deux groupes.

Le pouvoir coutumier à l’échelle villageoise appartient au chef de village (kwaara koy [village/chef] ou maygari [terme hausa]). L’extension des terres de culture a amené à la création de hameaux et celle de chefs de région, appelés Zarmakoy (Zarma/chef), Wonkoy (guerre/chef) ou Amiiru (émir). Si le chef était initialement un descendant des premiers occupants, la multiplication des guerres, dans la deuxième moitié du XIXème siècle, a favorisé l’arrivée d’une chefferie aristocratique, caractérisée par un principe d’antériorité non plus spatial mais généalogique. Tandis que près du fleuve et à l’est de Niamey (Zarmataray), les chefferies sont centralisées, au nord de Niamey prédomine encore une organisation villageoise hiérarchisée de type patriarcal.

La société est patrivirilocale. L’unité domestique (windi: « enclos, cour ») était autrefois dirigée par le patriarche de qui dépendaient « ses propres frères cadets, ses fils et ceux de ses frères, les enfants des uns et des autres, ainsi que les épouses respectives » (Olivier de Sardan 1984 : 109). Aujourd’hui, si l’habitat peut comprendre plusieurs chefs de famille, chacun cultive ses champs et gère ses greniers de mil. En milieu urbain, la famille se nucléarise.

L’islam est la religion dominante en pays zarma, mais les pratiques des religions du terroir n’ont pas pour autant disparu.

Les habitants parlent le zarma, une variante du songhay et du dendi. Le songhay-zarma, dont le rattachement à une famille linguistique n’est toujours pas établi, est une des dix langues nationales du Niger.

Références

BORNAND Sandra, 2005, Le Discours du griot généalogiste chez les Zarma du Niger, Paris, Karthala.

BORNAND Sandra, 2006, Parlons zarma, Paris, L’Harmattan (coll. « Parlons »).

OLIVIER DE SARDAN Jean-Pierre, 1984, Les sociétés songhay-zarma (chefs, guerriers, esclaves, paysans…), Paris, Karthala.