Ce pagne a été acheté sur un marché au Burkina Faso, mais on le retrouve dans toute l’Afrique de l’Ouest francophone. Ces tissus imprimés étaient généralement fabriqués en Hollande, et sont actuellement surtout produits en Chine. Ils sont ainsi le plus souvent importés en Afrique. Certains pays ont cependant des usines produisant des pagnes (Uniwax en Côte d’Ivoire, Fasotex au Burkina Faso, Sobetex au Bénin par exemple).
Les noms de pagnes sont généralement donnés en français, en tant que langue véhiculaire, dans les grandes capitales comme Abidjan, et sont diffusés dans toute l’Afrique de l’Ouest francophone. Ces pagnes, qui peuvent être apportés chez un couturier pour que celui-ci en fasse une tenue pour hommes, femmes ou enfants, utilisés noués autour de la taille ou pour porter les enfants au dos, sont portés au quotidien, ou alors lors de cérémonies pour lesquelles des pagnes spéciaux seront choisis soit avec un motif identique, soit avec un message explicitement religieux ou politique imprimé dessus.
Tout acheteur potentiel qui achète un pagne au marché pour faire coudre des vêtements, ainsi que son entourage qui verra le pagne porté une fois cousu, peuvent ainsi être considérés comme acteurs d’une situation de communication. Le port des pagnes portant un nom, lorsque celui-ci est connu, est en effet une façon d’envoyer un message indirect à son entourage, généralement à son mari, à ses ami(e)s, à sa famille. Se vêtir d’un pagne portant le nom « l’œil de ma rivale », renvoie à une situation de jalousie qui peut exister entre une femme et une autre convoitant son mari ou son petit ami, ou encore entre coépouses, qui se nomment souvent « rivales » entre elles en français.
AYINA Egbomi, 1987, « Pagnes et politique », Politique Africaine, 27, p. 47-54.
BLÉ Raoul Germain, 2012, « Le pagne, un moyen de communication en Côte d’Ivoire », Communication, Vol. 30/1. http://communication.revues.org/index3026.html
LEBRETON Sophie, 2003, « La pratique du pagne en Côte d’Ivoire, une expression multiculturelle », Africultures. http://www.africultures.com/php/index.php?nav=article&no=3116