Cette initiation a pour origine un stage dans le cadre de la formation continue à l’Ecole Nationale de la Magistrature de Bordeaux, auquel Suzy Platiel avait été invitée en tant qu’ethnolinguistique africaniste. Elle devait étudier avec des juges en exercice des dossiers difficiles à régler. Se rendant compte que la plupart des problèmes rencontrés avaient pour source l’ignorance des juges quant aux habitudes socioculturelles des personnes concernées, Suzy Platiel a proposé à Laurence Bellon, juge pour enfants et alors responsable de cette formation à l’ENM, un stage d’initiation aux cultures africaines. Celui-ci devait permettre aux juges en poste d’acquérir un minimum de connaissances afin d’établir le dialogue avec des enfants ou des prévenus originaires d’Afrique subsaharienne.
Cette proposition ayant été acceptée, le stage a régulièrement fonctionné à partir de 1999. D’abord limité à deux jours, il ne traitait alors que de l’Afrique subsaharienne et Suzy Platiel était la seule intervenante. En 2000, compte tenu des besoins des participants, il a été décidé de le porter à trois jours et de l’étendre au Maghreb, avec une intervenante supplémentaire, Halima Bellandouz, professeur de Sciences de l’Education à l’université de Nanterre. Au fil des années et à la demande des participants, le stage est passé de trois à cinq jours : se sont ajoutées au programme initial une demi-journée réservée à la Turquie, animée par Mme Gaye Petek, et une journée consacrée à un approfondissement des comportements liés à l’islam, avec M. Tarek Oubrou, recteur et imam de la mosquée de Bordeaux et Mme Fatima Boukhatmi-Afane, maître de conférences à l’université de droit d’Oran (Algérie).
Depuis 2010, face à la demande grandissante de participation à ce stage, il est maintenant organisé deux sessions annuelles de cinq jours.
ENA Alexandra (réalisatrice), 2012, Magistrats et migrants. Question de cultures, CNRS Images, 16mn. (http://videotheque.cnrs.fr/video.php?urlaction=doc&id_doc=3739).
« Comment juger une personne d’origine étrangère quand on ne connaît pas sa culture ? »
Suzy Platiel, ethnolinguiste et africaniste, en collaboration avec Laurence Bellon, vice-présidente et coordinatrice du tribunal pour enfants de Lille, intervient depuis 2001 auprès de juges en poste à l’école nationale de la magistrature. Cette formation a pour objectif de fournir des connaissances sur la culture des migrants, permettant d’établir un dialogue et d’éviter ainsi des erreurs de jugement.
David Cleuziou, vice-président du tribunal pour enfants de Douai, explique pourquoi il a suivi cette formation (Filmé pour l’exposition « Paroles d’Afrique » par Alexandra ENA du CNRS Images, et diffusé au Musée d’Ethnographie de l’Université Bordeaux Segalen, MEB).